lundi 27 août 2012

Vivre avec un secret

Vivre avec un secret comme les gens des temps passés, qui racontaient tout, couchaient tout sur le papier ou avouaient tout, mais justement pas ce qui consumait leur cœur ; vivre comme autrefois les poètes ou les officiers de la garde qui se battaient en duel pour un malentendu, mais n’auraient révélé un nom précis pas même sur le banc de torture – et des bancs de torture, il y en a beaucoup  –, vivre avec un sceau sur le cœur et les lèvres, regarder au ciel, parler de tout et ne se taire que sur une chose, jusqu’à la mort, comme le fit Pouchkine. Ecrire un poème, un roman là-dessus* ? Se tourner vers la psychanalyse ? Jamais.

Extrait des "Quatre saisons"
d'après la traduction en allemand d'Ernö Zeltner

* C'est un thème très fréquent chez Sándor Màrai, en particulier dans "La mouette" (pas encore paru en français), roman qu'il écrivait à la même époque.

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