mardi 6 décembre 2011

Sur "La sœur", dernier roman paru en français

Qu’on ne s’y méprenne pas. Ce roman ne traite pas d’une relation familiale. La sœur (le titre hongrois serait plus justement traduit par « L’infirmière ») dont il est question est l’une des quatre religieuses (mais laquelle ?) qui soignent pendant plusieurs mois le personnage principal du dernier roman paru en français de Sándor Márai, un célèbre pianiste, Z., tombé brusquement et mystérieusement malade à la fin d’un concert à Florence.
Mais le titre n’est pas l’élément le plus déroutant du roman. Comme bien souvent chez Sándor Márai, « La sœur » comporte plusieurs parties bien distinctes et la première partie qui se déroule dans une auberge de montagne hébergeant pour les fêtes de Noël une société très mélangée semble, malgré un incident tragique (le suicide d’un couple illégitime et insignifiant), ne servir qu’à introduire la relation qui s’établit entre le narrateur et Z. Et à justifier que ce dernier lui lègue le récit de la maladie qui l’a éloigné des salles de concert et même de la société qu’il fréquentait auparavant.
Tout ce roman tourne autour de la vie, de la mort et de la maladie, constitue une longue réflexion sur les forces obscures qui gouvernent l’âme et le corps,
leurs faiblesses, leurs dérèglements. Z. sortira de sa maladie de manière aussi mystérieuse qu’il y est entré mais pas sans dommages.
Comme presque toujours chez Márai, l’essentiel du roman s’articule autour de monologues (le monologue intérieur de Z. et ses faux dialogues avec les personnages qui gravitent autour de lui, le professeur de médecine, son assistant, les soeurs et le narrateur).
Mon opinion : même à travers la traduction je ressens la perfection du style qui rend justice à une réflexion personnelle, forte, profonde, qui, même si je n’en partage pas toutes les conceptions, offre à ma propre pensée des pistes à explorer. En particulier sur la maladie et la mort, moi qui les côtoie fréquemment par mon activité d’accompagnant de malades dans des phases critiques de leur maladie.
Et puis il y a quelques pages splendides sur les réflexions du musicien professionnel au sommet de son art, saisi soudain par le doute, pages qui ont touché en moi les fibres sensibles du musicien amateur.
Attention : ce n’est pas du tout un livre à recommander à ceux qui aiment l’action ou des rebondissements de l’intrigue ! Ils n’y trouveraient décidément pas leur compte.

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